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Les électrolytes et le sel, pourquoi sont-ils si important dans la nutrition du cheval

Les électrolytes et le sel, pourquoi?

La plupart des gens connaissent les électrolytes. Ces petits minéraux qui sont essentiels à l’hydratation et qui sont excrétés avec la sueur. Nous savons tous que lorsqu’un cheval fait de gros efforts (comme en compétition ou en entrainement intensif) ou lorsqu’il fait très chaud et que l’animal risque de transpirer, il est recommandé de donner des électrolytes. Mais saviez-vous que votre cheval a besoin d’une supplémentation quotidienne en tout temps pour l’aider à rester hydraté? L’hiver est une saison particulièrement à risque pour le cheval et il est impératif de le surveiller de près dans cette saison. En effet, c’est lorsque votre cheval se nourrit de foin sec qu’il a le plus besoin de s’hydrater. Les chevaux ont évolué pour manger de l’herbe fraiche contenant environ 80% d’eau. Donc leur réflexe de soif s’est adapté en conséquence. Toutefois, en hiver, nous les nourrissons avec un foin sec contenant 15% ou moins d’humidité et donc ils doivent boire beaucoup plus pour compenser et garder leur bol alimentaire bien humide. Certains chevaux le font, mais certains ne boivent pas suffisamment pour compenser le manque d’eau du foin. Le problème, c’est que ce manque d’eau peut causer une colique d’impaction et pas besoin de vous rappeler que les coliques

sont souvent mortelles.



Qu’est-ce qu’un électrolyte

Un électrolyte est un minéral qui une fois dissout dans l’eau comporte une charge électrique positive (cation) ou négative (anion). Ces ions ont un rôle primordial dans le corps de tous les êtres vivants; ils importent dans l’osmose des fluides dans le corps, la transmission d’influx nerveux ou encore le fonctionnement musculaire.

La perte d’électrolyte s’effectue principalement par la sueur.


Qu’est-ce qui déclenche la soif

La soif est déclenchée par un débalancement électrolytique. En fait, c’est le ratio d’électrolytes qui se déséquilibre dans le sang. Lorsque l’on perd de la sueur, de l’eau et quelques minéraux sortent par notre peau. Comme nous perdons plus d’eau que de minéraux, ces derniers se concentrent dans notre sang et indiquent au corps qu’il est temps de les diluer en absorbant plus d’eau. C’est ce mécanisme qui déclenche la soif.



Pourquoi le cheval n’a pas un mécanisme de soif performant?

Le cheval perd beaucoup de sel et de minéraux dans sa sueur, le ratio électrolyte et eau se déséquilibrent donc moins rapidement, ce qui fait qu’il ressent la soif beaucoup plus tard. Lorsqu’un cheval ressent la soif, il est souvent déjà en légère déshydratation (~ 5%). Donner des électrolytes de façon orale permet donc de tromper le système de soif pour qu’il se déclenche plus rapidement.

J’ai aussi une petite théorie à propos de l’évolution du réflexe de la soif. C’est inspiré de la raison pour laquelle les chats ne sont pas non plus des animaux qui boivent naturellement beaucoup. Comme ils se sont domestiqués en s’approchant des fermes pour y manger la dense population de petits rongeurs, leur alimentation de carnivore stricte n’a jamais changé. Une proie entière a une teneur en eau de 70%, ce qui pouvait combler la plupart des besoins en eau du chat. Maintenant qu’il est nourri avec des croquettes dont l’humidité tourne autour de 10% il ne comble plus ses besoins en eau dans sa nourriture. Toutefois, son mécanisme de la soif n’a pas évolué pour faire face à ce changement. On observe donc souvent des problèmes de santé reliés au manque d’hydratation chez le chat. Cette théorie me fait penser à l’évolution du cheval également. Il a évolué pour manger de l’herbe qui contient environ 80% d’eau. Nous les nourrissons maintenant avec du foin dont la teneur en humidité est en dessous de 15%. La théorie pourrait s’appliquer de la même façon aux chevaux. Leur domestication n’est pas récente, mais sur le plan de l’évolution entière elle l’est. De plus, il est assez récent que les chevaux soient tenus au foin sec à l’année en plus d’avoir accès à des tonnes de foin sec en hiver.

De plus, les chevaux sauvages sont des animaux qui se déplacent généralement lentement sans grosse dépense énergétique sauf en cas d’attaque ou pour quelques périodes de jeu. Il est donc tout à fait possible que leur réflexe de soif n’ait pas eu besoin d’être très performant pour leur assurer la survie. Aujourd’hui, on exige des chevaux beaucoup d’efforts, spécialement chez les chevaux de concours à qui on demande des efforts incroyables. Bien que les chevaux soient des bêtes taillés pour la performance, il n’avait à l’utiliser que dans de très rare occasion dans la nature. Leur évolution ne les a pas préparés à devenir des athlètes de performance. Il nous incombe donc à nous, humbles humains, de combler les lacunes de leur évolution afin de leur assurer une santé optimale dans le train de vie un peu dément que nous leur imposons parfois. Il nous incombe de leur fournir tout le nécessaire pour une vie sous des conditions optimales (et non pas minimales).



Qu’est-ce que la déshydratation

La déshydratation est un état où la quantité de liquide dans le corps de votre animal est réduite face à la normale

Les signes cliniques sont les suivants;

- Test de pli cutané plus lent (pincé la peau en la tirant légèrement pour faire une tente et regarder si la peau reprend sa force tout de suite ou s’il y a un délai)

- Fèces plus sèches

- Yeux secs enfoncés dans leurs orbites

- Abattement

- Respiration élevée

- Rythme cardiaque élevé / force du pouls plus faible

- Tremblement / faiblesse musculaire

- Crampe musculaire

Besoin du cheval en eau

Un cheval doit boire en moyenne 20 à 25 litres d’eau par jour (4 à 5 gallons). Cette quantité doit être augmentée si l’animal reçoit un entrainement intensif ou si les températures sont très chaudes le faisant transpirer abondamment. Elle doit aussi être augmentée s’il reçoit une alimentation de foin sec. En effet, l’herbe contient environ 80% d’eau, mais le foin souvent 15% ou moins. Le système digestif du cheval peut contenir 100L d’aliment, c’est beaucoup! Ces aliments doivent impérativement rester hydratés avec beaucoup d’eau afin de permettre leur transit dans le système. C’est pourquoi lorsqu’on donne du foin sec, il est extrêmement important que le cheval boive suffisamment. Il faut environ 0.5kg (1l d’eau pèse environ 1kg) d’eau pour chaque 1kg de foin ingéré.

La température joue également sur les besoins en eau de votre cheval. Un cheval inactif par temps très chaud peut voir son besoin en eau augmenté jusqu’à 80L par jour. Un cheval entrainé par temps chaud peut voir ses besoins en eau tripler. La température, mais aussi le taux d’humidité joue un rôle important dans la sudation du cheval et donc dans ses besoins en eau et en électrolytes. Les électrolytes sont majoritairement perdus dans la sueur, c’est pourquoi lorsqu’un cheval sue, le sel n’est pas suffisant pour combler les pertes électrolytiques. Le sel n’est composé que de sodium (Na) et de chlore (Cl), mais du Calcium (Ca), du magnésium (Mg) ainsi que du Potassium (K) sont perdus par la sueur. Le taux de ces éléments (sauf le NaCl) est généralement assez élevé dans le foin pour combler les petites pertes journalières. Ils ne sont toutefois pas assez abondants dans le foin pour combler la perte élevée due à la chaleur ou l’entrainement.

Un cheval perd de l’eau de 4 façons;

- Fèces

- Urine

- Respiration (les chevaux perdent une grande quantité d’eau par leur respiration, c’est pourquoi dans un endroit clos où des chevaux sont gardés, le taux d’humidité monte rapidement)

- Peau

** Les juments en lactation perdent aussi de l’eau par le lait




Qu’est-ce qui est différent en hiver

En hiver, les chevaux ne suent pas énormément, ce qui ne leur donne pas vraiment de débalancement électrolytique, ce qui peut réduire voire presque éliminer le réflexe de soif chez certains chevaux. Même si leur alimentation est sèche en hiver, certains chevaux ne ressentent pas beaucoup la soif.

Toutefois, comme décrit en introduction, l’hiver signifie fourrage sec qui compte moins de 15% de matière humide. Alors que le cheval a évolué pour consommer de l’herbe à 80% d’eau. Ce déficit doit être comblé par une consommation d’eau plus importante par le cheval.

Imaginez-vous manger des céréales de fibre (fibre1 ou all-bran) sans lait et sans eau. Un aliment sec et aussi fibreux sans liquide pour l’accompagner devient pâteux et s’agglutine. L’eau permet d’humidifier et de diluer l’aliment et ainsi donc de le faire glisser sans problème dans le tube digestif. C’est un peu le même principe avec du foin sec. Il est semi-humidifié par la salive, mais ce n’est nettement pas assez. S’il manque de liquide, il risque de ne plus aussi bien glisser au travers du tube digestif, de former un amas de matière sèche qui deviendra de plus en plus dense jusqu’à bloquer complètement le tractus digestif. C’est ce qu’on appelle une colique d’impaction; un bouchon d’aliment sec et dense qui se coince dans une partie du système digestif. C’est une des formes de colique les plus répandues. Une colique engage toujours un risque pour la vie du cheval, alors mieux vaut l’éviter par tous les moyens.




La neige comme source d’eau?

Non, il n’est absolument pas recommandé de donner de la neige comme seule source d’eau en hiver. En effet, la chaleur requise pour faire fondre l’eau est une dépense d’énergie pour le cheval qui doit déjà en dépenser beaucoup simplement pour rester au chaud avec la température ambiante. De, plus, la densité en eau de la neige est très faible. Prenez un sceau de neige et laissez-le fondre. Observez à quel point la quantité d’eau récoltée est faible. Manger de la neige comme seule source d’eau est donc très couteux en énergie et très peu efficace.


Favoriser une bonne hydratation

** Offrir du sel ou des électrolytes sans accès à une eau fraiche et propre pourrait empirer la déshydratation du cheval. Il est primordial que votre animal ait accès à de l’eau en tout temps, spécialement lorsqu’il est supplémenté.

En tout temps : Suivez la prise d’eau de vos chevaux. Notez quels chevaux boivent régulièrement et lesquels ne boivent pas aussi souvent. Il est important de surveiller ceux qui ne boivent pas assez et de les supplémenter en conséquence.


À la maison

- Ajouter 1 à 2 c. à soupe de sel dans la moulée (ou sur le foin si votre cheval ne le mange pas) tous les jours

- Ajouter des électrolytes dans la ration seulement lorsque votre cheval a sué (chaleur ou entrainement)

- Mettre des blocs de sels à disposition à vos chevaux (à noter que les blocs de sel bleu et rouge n’ont pas été créés pour les chevaux et certains n’aiment pas leur texture très rugueuse; assurez-vous de vérifier les préférences de vos chevaux. Les blocs de sel blanc font aussi bien l’affaire et certains chevaux préfèrent avoir du sel granulé offert à volonté plutôt que des blocs)

- Garder les abreuvoirs et bacs d’eau propre

- Changer l’eau des bacs régulièrement


En hiver

- Tous les trucs ci-haut s’appliquent également

- Garder l’eau à une température jouant dans les 9 degrés Celsius

- Avoir de l’eau accessible en tout temps

- Vérifier que l’électricité de l’élément chauffant ne fuit pas dans l’eau (stray voltage)


En voyage/compétition

- Apporter de l’eau de la maison

- Offrir une petite chaudière d’eau tiède avec des électrolytes (ou 1% de sel) dedans tout de suite après l’effort

- Offrir de l’eau à température ambiante sans rien ajouter dedans tout de suite après l’eau salée afin d’optimiser la réhydratation

- Prévoir du jus de pomme ou de la mélasse pour ajouter à l’eau étrangère pour inciter un cheval à boire

- Préparez le terrain à la maison et faites-lui goûter les assaisonnements pour savoir s’il les aime ou non!

- Évitez les pâtes électrolytiques si votre cheval n’a pas mangé avant, car ces dernières sont réputées pour irriter les estomacs vides

- Évitez de donner de l’eau froide tout de suite après l’effort, préférez une eau à température ambiante




Dans quel autre cas les électrolytes peuvent-ils faire une différence?

- Tying-up


Contre-indication des électrolytes

- Ulcères gastriques

- Cheval n’ayant pas accès à de l’eau en tout temps


Sources

From the horses’ mouth nutrition, feeds and feeding, Cavanagh & Ternan, First edition, 2014

Nutrient requirements of horses, National Research Council, Sixth revised edition, 2015

Equine Nutrition and Feeding, Frappe,D, Wiley-Blackwell, Fourth edition, 2010

Conditioning Sport Horses, M. Clayton, H, Sport horse publications, 1950

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